Une télévision bien miraculeuse…

Les illustrations sont extraites de « Elysez-moi », Bande Dessinée à paraître en Mars 2012 chez Bac@BD.

  Octobre. Les primaires socialistes font rage, on ne voit logiquement que du gauchiste à la télé. Résultat,  la côte de popularité du gagnant (le maillon le moins faible, le Highlander, ou celui qui a réussi à s’asseoir jusqu’au bout au jeu de chaises musicales) atteint des sommets. François Hollande (car oui, c’est lui) est assuré d’être élu président à presque 70%.

  Novembre. Les socialistes à la diète médiatique, Le gouvernement au pouvoir revient en force à la télé, et on ne voit plus que le premier d’entre eux, le président, enchaîner les réunions avec les petits et grands de ce monde. Résultat, sa côte de popularité remonte, celle de son concurrent baisse.

  C’est tout.

  Pas besoin de davantage pour gagner une élection, il suffit de passer à la télé. Elaborer un programme ? Bah, les électeurs ne le lisent pas, on en dit ce qu’on veut, et l’appliquer sera plus aléatoire que la pluie et le beau temps au mois d'Avril… La sympathie ? La force, le charisme, la crédibilité ? Gagnés en passant à la télé ! La télé, la télé ! Impossible d'y échapper !                     

  Mais comment y figurer plus que l’adversaire ?

  Ah, s’il suffisait d’acheter, comme tout bon chef d’entreprise, ses emplacements publicitaires… On vendrait un candidat aussi sûrement qu’un paquet de lessive ! Seulement, le CSA veille… Ce qui amène mon équipe de campagne en général et Jean Tulle (mon précieux nouveau conseiller en communication) en particulier à un déploiement d’énergie digne des travaux d’Hercule et d’Astérix réunis).

  Sa mission : créer l’évènement, choquer, divertir, imaginer jour après jour des nouveautés, des scénarii, les produire… Faire des films, et des bons. Le but étant que le journaliste se sente obligé de parler de moi. Moi, le candidat devenu incontournable ! Le summum étant atteint lorsque le téléspectateur, intéressé par le personnage, cherche dans les journaux (au pire) ou sur internet (au mieux) à compléter ces informations… Parce que dans ces autres média, aucun contrôle n’est instauré !

  Mais revenons un dernier instant à ce dieu téléviseur pour observer un étrange ballet qui semble se mettre en place… Ce partage du temps d’antenne télévisuel se déployant sur plusieurs mois, on en vient à se demander si certains ne l’économisent pas, afin de le dépenser plus tard, à un moment plus favorable. Pendant les primaires socialistes, l’UMP ne se serait-elle pas faite plus discrète, pour mieux rebondir aujourd’hui ? Et le PS ? N’a-t-il pas un moment (lors de tractations peu populaires avec les partis voisins) attendu une période plus propice pour revenir en force ?

  A ce jeu du chat et de la souris, à force de laisser la place dès que l’adversaire a l’avantage, le débat risque fort d’être le grand absent de cette campagne…